La vie en Rose

Publié le par Marie Bouquine

La Cuisinière d’Himmler, Franz-Olivier Giesbert, Gallimard, 2013

J’étais censée parler de la rentrée littéraire et avoir clos mon « Spécial Eté » mais j’avais omis de parler de ce livre publié en juin que j’ai adoré et dont il aurait été injuste de ne pas parler, même en ces temps de Goncourt, Renaudot et autres joyeusetés littéraires !

 

RDV très vite pour un livre dont on parle beaucoup et que j’ai fini il y a déjà trois semaines : L’Invention de nos vies de Karine Tuil. Comme mes deux autres livres de septembre il est dans la première sélection du Goncourt de la semaine dernière, je sais, je sais, chers lecteurs, je suis une référence incontournable ! Certes chaque année je me fâche avec les prix qui ne récompensent en général pas mes chouchous mais j’aime à croire qu’une année mes pronostics finiront par être bons !

 

Résumé 

A l’aube de ses 105 ans, Rose, cuisinière vivant à Marseille, entreprend de raconter sa via abracadabrantesque. Elle a traversé le siècle et affronté ses horreurs depuis le génocide arménien qui massacre sa famille jusqu’à la Révolution culturelle maoïste qui assassine son dernier époux en passant par la cuisine de Himmler pendant la second guerre mondiale. Face aux épreuves, Rose a forgé sa propre morale inspirée de la loi du Talion et s’est vengée méthodiquement de tous ceux qui l’ont fait souffrir avec légèreté et gaieté sans jamais se départir de son amour de la vie.

 

L’avis de Marie Bouquine

Les avis des lecteurs sont assez mitigés sur ce roman tandis que les critiques sont plutôt enthousiastes (FOG est un comparse certes). A mon avis le fond du problème tient a ce que certains lecteurs s’attendaient à un livre profond, mélangeant roman et Histoire, peut-être même se sont-ils attendus à une biographie romancée. Alors qu’en fait pour apprécier ce livre, il faut accepter d’avoir affaire à un roman picaresque et loufoque. FOG, comme on l’appelle dans le milieu, s’amuse avec l’Histoire grâce à son personnage truculent auquel il arrive mille aventures. C’est ce que j’ai bien aimé, le côté foisonnant, le vrai roman d’action (et d’imagination) où il se passe plein de choses où les rebondissements sont nombreux. J’ai aussi bien aimé l’humour qui traverse ce roman du début à la fin.

En revanche le personnage de Rose est un peu bancal ; on ne s’y attache pas complètement, il manque un peu de profondeur, un peu d’analyse de ses souffrances et détresses. Ce qui m’a aussi dérangée c’est que j’avais l’impression dans les premières pages que c’était une femme masculine,  vulgaire et brute de décoffrage alors qu’elle est censée avoir été très belle (son charme et son pouvoir de séduction sont l’un de ses atouts majeurs dans sa vie rocambolesque). FOG voulait sûrement que Rose soit les deux, belle et séductrice mais aussi brute et masculine, mais je ne sais pas si cela se tient si bien que cela. Certains lecteurs ont ainsi reproché à FOG d’avoir créé un personnage féminin non crédible. Le second inconvénient de ce roman est que cela devient peut-être un peu trop gros et trop rapide dans la dernière partie, après la seconde guerre mondiale. Notamment le passage dans lequel  Rose retrouve son descendant, un passage raté à mon avis. Enfin le dernier petit défaut de ce roman serait le titre, un peu racoleur. J’ai cru que ce serait le sujet principal du roman alors qu’en fait cela ne représente qu’une partie de la vie de Rose.

 

Mais malgré ces petits défauts c’est un bon roman, très agréable à lire et très divertissant !

Publié dans Spécial Eté!

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